Sanitaire -Médico-social - Publié le 07/04/2022 Lecture 4 min

Elections et handicap mental : vers une citoyenneté comme les autres

Les 10 et 24 avril prochains, dans la France entière, des personnes porteuses de handicap mental voteront pour la première fois dans le cadre d’une élection présidentielle. Des résidents des établissements médico-sociaux de l’Ordre de Malte France ont manifesté l’envie de faire entendre leurs voix à cette occasion. L’association les accompagne dans cette démarche, comme elle le fait pour de nombreuses autres au quotidien.

Depuis 2019, les personnes porteuses de déficiences mentales ont le droit de se rendre aux urnes seules, même si elles sont placées sous tutelle. Une évolution de la loi[i] qui vise plus d’égalité. En effet, elle est un pas de plus vers la reconnaissance de ces personnes comme des citoyennes à part entière. « C’est bien de voter comme tout le monde », confie Carine. Elle vit à la Maison d’Accueil Spécialisée Saint-Jean de Jérusalem et s’exprime grâce à des phonèmes posés sur le papier.

Ici, comme dans l’ensemble des établissements dont il a la responsabilité, l’Ordre de Malte France met un point d’honneur à accompagner chaque jour les résidents dans leurs projets et leurs objectifs de vie. Dans cet établissement situé à Rochefort-sur-mer (17), les équipes de soignants ont, par exemple, organisé des séances de présentation des élections dans les semaines qui ont précédé le premier tour. En toute neutralité, les résidents ont ainsi été sensibilisés à cet enjeu électoral de taille. « (…) Avant on ne pouvait pas, maintenant on peut. Avec la tutelle on n’avait pas le droit, maintenant la loi a changé. (…) Je sais que mon choix va être entendu », se réjouit Wilfried qui vit aussi à la MAS Saint-Jean de Jérusalem où il préside le Conseil de Vie Sociale.

Des simulations de vote pour mettre en confiance

Située au cœur du Gers (32), la Maison d’Accueil Spécialisée Saint-Jacques a vu ses équipes proposer à 15 résidents de se rendre aux urnes. Parmi eux, 8 ont souhaité participer. « Certains suivent beaucoup l’actualité et lisent tous les jours au moins les titres de « La Dépêche » (le journal quotidien local), explique la directrice Isabelle Giron. « Nous échangeons ensuite avec eux sur tous les sujets. Ils ont besoin d’explications et les deux dernières années ont été anxiogènes : nous avons pris l’habitude de décrypter les messages, de mettre du sens et des mots sur ce qui se passe, d’expliquer les décisions gouvernementales, etc. (…) Nous faisons aussi des simulations de vote, avec des explications, pour qu’ils soient en confiance en arrivant dans le bureau de vote le 10 avril », poursuit Mme Giron.

Le déplacement dans le bureau de vote le jour J nécessite une organisation particulière, le résident ne pouvant pas être accompagné par un personnel ayant une relation directe avec lui. La personne accompagnante devra donc être préparée sur la façon dont communique le résident : pictogrammes, regard, etc. Enfin, le parallèle est fait avec la campagne en cours au sein de l’établissement pour la réélection des 3 membres du Conseil de la Vie Sociale (CVS), en avril également. « Nous allons animer des ateliers avec eux sur cette question. Chacun recevra le programme des 5 candidats, qui peut consister à demander plus de sport dans l’établissement ou plus de contacts avec les animaux… Le vote se passe sur place mais aussi avec un bureau de vote, le dépouillement, etc. Cela les entraîne pour les élections nationales ! ».

Les bénévoles mobilisés

À la Maison d’Accueil Spécialisée Saint-Jean de Malte située dans le 19e arrondissement de Paris, les 74 résidents ont été interrogés, un par un, pour connaître leurs souhaits sur le 10 avril prochain. Mme Lozach, cheffe de service, détaille : « Nous nous adressons ensuite aux familles ou au tuteur, pour ceux sous curatelle, pour leur redonner les modalités d’inscription sur les listes et les papiers nécessaires. La notion de vote est très importante pour certains qui, même s’ils sont handicapés, ont des capacités cognitives. En revanche, si les parents ne viennent pas accompagner leurs proches le Jour J, il nous faut des bénévoles pour nous aider. » Là encore, le parallèle est fait avec les prochaines élections du Conseil de Vie Sociale, qui donnent lieu à de nombreux échanges au sein de l’établissement.

Cette élection présidentielle marque donc un vrai tournant pour les dizaines de milliers de personnes qui sont concernées.

[1] Voir l’article 11 de la loi n°2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice a abrogé l’article L. 5 du code électoral.

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