En ce vendredi 23 mai, Journée internationale de lutte pour l’élimination de la fistule obstétricale[1], l’Ordre de Malte souhaite mettre la lumière sur les programmes menés dans différents pays. À travers les hôpitaux et maternités où elle est implantée, l’association met tout en œuvre pour soigner celles qui souffrent des séquelles d’un accouchement difficile. Coup de projecteur sur le Pavillon Sainte Fleur, au cœur d’Antananarivo, la capitale malgache.
Parce qu’elles vivent souvent dans des zones difficiles d’accès, parce qu’elles n’ont pas bénéficié d’un accompagnement médical adapté au moment de leur accouchement, alors que celui-ci était compliqué, parce qu’elles n’ont pas bénéficié d’un suivi régulier pendant leur grossesse… plus de 2 millions de femmes[2] souffrent de fistule obstétricale, aujourd’hui encore, dans le monde. Elles sont « souvent pauvres, non éduquées, [et vivent] dans des villages éloignés de tout centre de santé », souligne le docteur Jean-Marie Colas, chirurgien envoyé à Madagascar, en ce mois de mai, par l’Ordre de Malte France.
Le docteur Claude Schoenahl et le docteur Jean-Marie Colas sont venus sur place pour soutenir les équipes médicales locales et opérer, pendant plusieurs jours, avec des médecins du Pavillon Sainte Fleur et de l’hôpital public, des patientes identifiées à la suite d’une campagne de chirurgie réparatrice. Ces campagnes sont menées par l’association plusieurs fois par an dans plusieurs pays où elle est présente. On estime à 40 000 le nombre de femmes souffrant de la fistule à Madagascar, avec 500 nouveaux cas par an.
La fistule obstétricale est l’une des conséquences les plus graves et les plus dangereuses susceptibles de survenir lors d’un accouchement difficile, si celui-ci n’est pas bien pris en charge, et entraîne l’incontinence. C’est la raison pour laquelle, la majeure partie des femmes qui en souffrent sont rejetées par leurs communautés. La souffrance psychologique vient donc s’ajouter à la souffrance physique. « Les femmes subissent l’exclusion sociale, la honte et la sensation d’être maudites », souligne le docteur Herilala, formée à l’opération de fistules obstétricales au Pavillon Sainte Fleur.
Chaque année, le Pavillon Sainte Fleur met en place deux campagnes de chirurgie réparatrice de la fistule obstétricale. L’objectif annuel : 50 femmes « réparées », soit environ 25 femmes opérées par campagne. Ces campagnes sont organisées en partenariat avec le ministère de la Santé qui a lancé un programme national d’éradication de la fistule d’ici 2030 à Madagascar. Les autres partenaires de ce projet sont l’UNFPA (Fond des Nations Unies pour les Populations) et Opération Fistula (OPF), qui identifie les patientes souffrant de la fistule et les oriente vers le Pavillon Sainte Fleur.
Pour aller vers l’élimination totale de la fistule obstétricale dans le monde, le Docteur Colas insiste sur l’importance de financements conséquents et souligne « la mise en place d’un plan global (…) qui doit se traduire notamment par le développement de « l’accès aux centres de santé », mais aussi une surveillance régulière des femmes pendant leur grossesse, avec un encadrement médical renforcé et une formation spécifique des personnels médicaux et paramédicaux. Enfin, l’éducation et la sensibilisation sont indispensables pour mettre fin aux croyances qui entourent la fistule obstétricale. « Ce n’est pas un sortilège, ce n’est pas un mal qu’on leur a jeté… », conclut le docteur Colas.
[1] La fistule obstétricale une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, due à un travail prolongé et qui se produit en l’absence de soins obstétricaux rapides et de qualité. Elle provoque une fuite d’urine et/ou de matières fécales par le vagin, et entraîne à plus long terme des problèmes médicaux chroniques. Source : Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).
[2] Source : Organisation mondiale de la santé
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