International - Publié le 23/05/2022 Lecture 4 min

Santé des femmes : nos équipes mobilisées contre la fistule obstétricale

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale (23 mai), coup de projecteur sur la campagne qui vient de s’achever au Pavillon Sainte Fleur à Madagascar. Cette maternité gérée par l’Ordre de Malte France organise deux fois par an, depuis 2016, une campagne de chirurgie réparatrice des fistules obstétricales. L’objectif : soigner gratuitement des femmes atteintes par cette infirmité, suite à un accouchement compliqué.

« La fistule obstétricale, c’est la violence même faite aux femmes, à défaut de soins d’urgence dans les milieux pauvres et ruraux », expose le Docteur Ludovic Falandry, chirurgien urologue. Pour la deuxième fois en 5 ans, celui-ci est à Antananarivo (la capitale malgache) pour opérer une trentaine de femmes qui souffrent de cette infirmité. En binôme avec le Docteur Schoenahl, il intervient au Pavillon Sainte Fleur pour s’inscrire dans la lutte contre cette « maladie de la honte ».

 


Une souffrance physique et sociale

Les patientes soignées pendant cette campagne ont de 17 à 42 ans. Leur point commun : elles ont toutes vécu un accouchement très difficile, avec plusieurs jours de travail. Pour les femmes des pays pauvres qui n’ont pas accès à une aide médicale, et aux soins obstétricaux tout au long de la grossesse, l’accouchement reste une épreuve incertaine. Non seulement, elles ont perdu leur bébé, mais en plus elles y ont laissé leur santé. Les difficultés de l’accouchement ont entraîné chez elles une incontinence permanente. Mais le plus dur, c’est le rejet de leur communauté. Par conséquent, ces femmes sont condamnées à rester repliées sur elles-mêmes, seules, chez elles.

Pendant toute la campagne, les médecins suivent un protocole bien rôdé : la veille pour le lendemain, chaque intervention chirurgicale est préparée et les deux médecins se répartissent les cas. Le Jour J, les patientes sont accueillies à partir de 8h, puis emmenées au bloc opératoire. Les opérations ont lieu le matin et l’après-midi, et cela, tous les jours. « Les femmes opérées pendant cette campagne sont parfois fistuleuses depuis longtemps », souligne le Docteur Falandry. Leur cauchemar est indescriptible.


La chirurgie pour une nouvelle vie

« La vraie guérison, c’est la guérison sociale », souligne le Docteur Falandry. C’est pourquoi, il est fondamental de ne pas attendre. L’opération doit être réalisée le plus tôt possible, idéalement à moins de 3 mois après l’accouchement. La chirurgie est synonyme de résurrection, dans les cas où elle réussit, pour ces femmes. « Mais le meilleur traitement contre la fistule obstétricale reste la prévention », insiste le médecin.

Grâce à cette campagne organisée par le Pavillon Sainte Fleur, en collaboration avec le ministère de la Santé Publique, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et la Fondation IF, toutes ces femmes sont venues avec l’espoir de retrouver une bonne santé, et leur place au sein de la société.  Après leur opération, elles bénéficient d’un suivi régulier de la part du personnel de santé de l’établissement de l’Ordre de Malte France. La campagne a aussi permis aux deux médecins français mobilisés de former le personnel local pour transmettre leur savoir-faire.

Encadré témoignage
Suzanne, 46 ans, souffrait de fistule obstétricale avant son opération au Pavillon Sainte Fleur. Elle s’est confiée aux équipes de l’établissement avant d’être opérée :

« Je préfère mourir, plus personne ne m’aime ! » Voilà le cri de désespoir de Suzanne, à son arrivée à l’hôpital. Depuis vingt ans déjà, elle était atteinte de fistule obstétricale, suite à un accouchement difficile. Elle a alors perdu son premier et unique enfant. « Tout le monde, même mes proches me repoussent. Je suis tellement seule que même quand je tombe malade, personne n’est là, même pour me faire du thé chaud. J’ai du mal à trouver du travail. On m’insulte dans les rues en me traitant de « mamany lava ! » (« fistuleuse »). Alors, je préfère m’isoler chez moi car je sens mauvais ».

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