Sanitaire -Médico-social - Publié le 23/03/2021 Lecture 6 min

Crise sanitaire : un bilan des établissements un an après le premier confinement

Mars 2020, mars 2021. Il y a un an, la population française était strictement confinée pour lutter contre la déferlante du Covid-19. Aujourd’hui, alors que plusieurs confinements ont eu lieu et que les restrictions sanitaires continuent à être ajustées au fil du temps, nous revenons sur la manière dont les établissements médico-sociaux et sanitaires gérés par l’Ordre de Malte France ont vécu l’année qui vient de s’écouler, à travers l’exemple de la Maison d’Accueil Spécialisée Notre-Dame de Philerme. Rencontre avec Loïc Surget, Coordinateur du Pôle Autisme de l’Ordre de Malte France et Directeur de cet établissement, dédié à l’accompagnement des personnes adultes atteintes d’autisme, à Sallanches, en Haute-Savoie.

« En mars 2020, les quinze premiers jours ont été compliqués », se souvient Loïc Surget. Pour ce public, les rituels, la répétition et les repères sont essentiels à leur quotidien. Un changement dans les habitudes, un imprévu… et c’est tout un équilibre qui est bousculé. Mais au vu de la situation sanitaire critique dans laquelle le pays tout entier a basculé en début d’année dernière, la Maison Notre-Dame de Philerme, comme tous les établissements gérés par notre association, a dû réagir, et vite.

Dans un premier temps, l’établissement s’est tourné vers les familles pour demander si, parmi elles, certaines souhaitaient accueillir leur enfant à domicile le temps du confinement, ou si, au contraire, elles souhaitaient que leur enfant reste dans l’établissement, alors que toute visite de l’extérieur était alors suspendue.

Une forte capacité d’adaptation

En parallèle, les activités habituelles ont également été mises entre parenthèses. Il a fallu attendre le 2 avril pour que les résidents bénéficient d’une dérogation pour sortir de nouveau à l’extérieur. Entre temps, les équipes ont démontré leur capacité à mettre en place de nouvelles activités en se restreignant à l’enceinte de l’établissement.

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Crédit photo : Estelle Hoffert

Et alors que les accompagnants éducatifs craignaient que les résidents soient profondément perturbés, ils ont été agréablement surpris. « On a observé une capacité d’adaptation très forte, alors que normalement, les personnes atteintes d’autisme ont besoin de repères stables pour vivre sereinement », raconte le directeur de la MAS. Une bonne réaction qui s’explique notamment grâce aux efforts menés, sans relâche, par les équipes de salariés, pour accompagner au mieux les résidents tout au long de cette épreuve.

À la fin du printemps et durant l’été, les choses sont revenues à la normale à Notre-Dame de Philerme. Mais dès la fin août, la Haute-Savoie était le département le plus touché de France. Les cas positifs se sont multipliés à partir d’octobre et novembre, au sein de l’établissement : « 14 résidents sur 20 et 14 salariés sur 30 ont été contaminés », rapporte Monsieur Surget.

Les appartements des résidents contaminés ont été réorganisés, des quatorzaines ont été mises en place… pour les salariés, les journées étaient longues (10 à 12h par jour). « Il a fallu tout repenser », poursuit Loïc Surget, qui salue le travail de ses équipes.

Alors que les visites avaient été strictement suspendues lors de la première vague, de nombreuses familles ont ensuite manifesté la souffrance ressentie, privées de leur enfant. Au moment où la deuxième vague s’est enclenchée, les résidents ont eu le droit de voir leurs familles le week-end. Aujourd’hui, « nous sommes en vigilance absolue, (…) on ressent des tensions plus fortes, liées au fait qu’une grande fatigue s’est installée », affirme le directeur.

Le Covid, une opportunité de mieux repenser l’après

Depuis 1 an maintenant, les activités d’extérieur sont toujours suspendues à Notre Dame de Philerme (ski, fauteuil-ski, équitation, escalade…) comme toutes les activités d’inclusion sociale (collecte de cartons, tri sélectif, distribution de flyers dans la ville…). Malgré tout, du positif ressort de toute cela : le fait d’avoir ralenti le rythme des activités s’avère bénéfique pour les résidents et pour leurs accompagnants. « On prend le temps, car la plupart des activités actuelles se font au sein même de l’établissement », dit Loïc Surget.

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Crédit photo : Estelle Hoffert

Un constat partagé par d’autres directeurs des établissements de l’Ordre de Malte France, comme, par exemple, Fanny Laffaye-Hill, Directrice du Foyer d’Accueil Médicalisé de la Maison Saint-Fulbert à Lèves (Eure-et-Loir) : « Nous avons observé une baisse des troubles du comportement depuis le début de la crise sanitaire (…) et maintenant, on se concentre davantage sur les activités à proposer aux résidents en fonction de leurs réels besoins. On réinvente autrement », dit-elle.

« Chez nous, cette situation nous a permis de revisiter des modalités d’organisation. Aujourd’hui, on simplifie l’organisation de certaines activités, au bénéfice direct des résidents », poursuit Loïc Surget. Actuellement, à Notre-Dame de Philerme, plusieurs activités sont toujours possibles, dans le respect le plus strict des mesures sanitaires : promenades, petites randonnées, médiation animale, séances de sport dans la cour de l’établissement…

Malgré toutes les difficultés traversées et à venir, et alors que la crise n’est pas encore derrière nous, le Covid aura bel et bien créé des opportunités.

 

 

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